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Take a chance on me - Part II

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Esteban Sturridge

Esteban Sturridge
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MessageSujet: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeDim 25 Juin - 20:19

***
Suite de ce topic

    Après avoir tiré sa moue face aux propos de Brandan. La table fut débarrassé, et chacun d'eux alla se changer pour une sortie dans la capitale. Direction London Eye, ou le cœur même de la ville. Inutile de souligner d'un trait noir et gras, les nombreux checkpoints qu'ils ont du passer. A chaque fois, l'identité de chacun devait être présentée, carte à l'appuie. Esteban avait du expliquer le pourquoi du comment Brandan était son colocataire, à chaque fois. Car un employé de la City et un ancien cinéaste grande gueule, ça faisait tache dans le paysage. Esteban se tournait vers le jeune homme à chaque passage, lui offrant un sourire reconnaissant. Car son colocataire n'avait dit mot, laissant l'analyste financier gérait les choses. Brandan avait beau être exaspérant, il demeurait important pour Esteban. Et il ne sait si certaines de ses paroles sont sincères ou calculées. L'essentiel est qu'elles faisaient leur effet sur le jeune homme. Qui se montrait généreux en de biens nombreuses occasions.

    On pourrait dire que les beaux gestes, ou plutôt l’une des plus belles pratique dont se veut capable l’être humain, se qualifie par la dénomination du "Don de Soi". C’est un fait dont nous sommes tous capable et que nous réalisons à différents stades de notre existence. Bien souvent, on en use par le biais d’un présent, d’une oreille attentive ou simplement d’un mot gentil. Néanmoins, le don proprement dit ne se limite pas à cette simple manifestation. Le don de soi se définit précisément par cette forme : l’abandon de notre identité, de nos considérations et de nos soucis personnels afin de se montrer présent pour son entourage, ou autres étrangers, et réussir, en toute circonstance, à leur apporter une aide et un soutien capable de solutionner leurs problèmes les plus délicats. Bien évidemment, cette définition est à prendre dans le sens le plus absolu qu’il soit donné d’être. Mais, néanmoins, elle met bien en exergue le travail ainsi que l’importance que le véritable don de sa personne envers les autres nécessite. Il ne s’agit pas simplement de dire un mot gentil et puis de s’en aller comme si de rien n’était. Certes, parfois il ne suffit de pas plus pour redonner un peu de gaieté au cœur de quelqu’un, mais l’exercice est ardu et rempli de complication plus ardues les unes que les autres. Lorsque l’on veut faire de sa vie un éternel don de soi, on se doit de respecter certains éléments et certaines règles on ne peut plus fondamentales. Des freins, des barrières, qui nécessitent un profond travail que beaucoup n’ont pas la force, le courage ou l’envie d’accomplir.

    Esteban l'avait ce don de soi, et il en avait également la maîtrise. Fort heureusement, dirons-nous. Autrement, un pétage de plomb ou bien un solide renfermement sur soi-même ne serait pas bien loin. « On y est! » S'exclamait-il, soulagé d'avoir réussi à arriver à bon port sans soucis. Il se tourne brièvement vers Brandan alors qu'ils avançaient vers la grande roue. Par chance, il n'y avait pas à attendre longtemps pour l'achat des tickets. « Alors, ce scénario, tu me le racontes ou je dois patienter, te torturer, et te faire cracher le morceau une fois dans la cabine ? » Mi-sérieux, mi-plaisantin. Esteban avait ce sentiment étrange, que durant quelques secondes en cet endroit, on pourrait oublier que le pays et le monde tout entier ne cessait de saigner. Étrange cette illusion offerte par ce type de lieu, ou tout semble si simple, si ordinaire. Enfin, leur tour arriva, et c’est accompagné d’un jeune couple qu’ils débarquèrent dans la cabine. Celle-ci assez spacieuse pour donner du champ à chacun des quatre occupants, dont lui et Brandan.

    Pourtant, c’est la chute qui l’attendait en cet intérieur. Qui dit London Eye, dit Tamise. Ce fleuve qui fit remonter en lui des souvenirs qui lui broyaient le cœur. Ce qui s’est passé avec Abel continuait à le marquer. Ces os qui se compressent, ces poumons qui l'oppressent. Portes-tu, toi aussi, un masque maintenant ? Désires-tu revêtir l'apparence de celui qui déposerait ta déchéance ? Mon pauvre chien, tu n'y connais rien. Ce n'est pas en se maquillant tel un combattant qu'on engloutissait tout dans un dernier râle oublié. Ses yeux, ne veulent plus de Londres. Ils se rabattent sur ses pieds. Constatation glacée d'une vérité. Inéluctable, incommensurable. La douleur qui transparaissait au travers de ses lèvres l'acheva. « Dis-moi…Dis-moi ce qu’elle avait de si spéciale ta scène … » Lançait-il à l’encontre de Brandan, qu’il avait oublié quelques secondes. Le ton était presque implorant. Qu’on lui offre une douce illusion, qu’on lui raconte une histoire. Esteban avait la gorge secouée par un tremblement à risque. Une boule illégale qui s'était logée dans ses amygdales. Tu te vois comme tu es. Fragile. Comme le verre en hiver. Et tu te trouves stupide. Et tu te trouves ignare. Comme si tout ce que tu avais appris ne te servait à rien.

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeMar 4 Juil - 3:47

Brandan avait déjà été un solitaire. Amusant, non ? Cela faisait à vrai dire beaucoup plus de sens que l’on pouvait le penser, aux premiers abords. Enfant, il ne cherchait pas vraiment l’attention des autres. Quelques amis pouvant se compter sur les doigts d’une main lui avaient amplement suffi à se sentir heureux et bien entouré. À tout le moins, autant qu’il pouvait l’être en vivant auprès d’une famille fort occupée, si peu souvent présente à la maison. Tout cela pour dire qu’il avait appris à rêver. Rêver pour faire taire le malaise qui s’immisçait trop souvent, pour mieux patienter jusqu’au lendemain sans passer une nuit d’insomnie ou d’inquiétude. Le Brandan adulte ne démontrait plus très souvent cette facette pourtant importante de sa personnalité, encore moins depuis qu’il ne pouvait plus pratiquer ouvertement le métier pour lequel il s’était senti dédié dès ses premières armes derrière la caméra. Quelques réflexes charismatiques et manipulateurs avaient pris le pas. Brandan vous extorquait talentueusement votre attention pour se donner de l’importance. Pour les mêmes raisons qu’avant surtout, pour oublier ce qui du reste coinçait. Mais l’ancien cinéaste pouvait aussi se taire. Il en était capable lorsqu’il en avait le plus besoin. Comme à cet instant où il trottinait derrière Esteban sans dire un mot, son sourire passif et son regard aspiré par un ailleurs - il fallait forcément qu’il se déconnecte quelque peu de la réalité pour en arriver à ne rien dire et à ne pas répondre aux petites provocations que lançaient les agents des checkpoints, apparemment dotés de la mission pas même secrète de découvrir les criminels, les amoureux de l’art, avant qu’ils ne frappent - lui conférant presque une auréole métaphorique au-dessus de la tête. Avouons-le. Brandan, dans cet état, donnait l’impression d’un gosse préparant un mauvais coup. Attendant un moment d’inattention pour frapper dans toute la splendeur de l’acte.

Cet homme bedonnant qui inspectait leurs pièces d’identité, Brandan s’amusait à lui inventer une vie - qu’il n’avait peut-être pas. Le sourire d’Esteban intervenait alors comme de la connivence, ce qui l’enchantait tout particulièrement. Même si ce n’était en fait que parce qu’il ne désirait pas y voir la reconnaissance de son colocataire pour son silence. Comme bien des gens, Brandan détestait ses propres failles. Ironique, quand on savait qu’il se nourrissait bien avidement de celles des autres. Ne demandez pas au singe d’apprendre à voler. C’était pourtant une expérience qu’il voulait tenter avec Esteban. Pendant tout ce temps où leurs rapports s’étaient améliorés, jusqu’à devenir une amitié sincère, il n’avait jamais lâché le morceau quant à ce désir qu’il avait de sortir Esteban de sa zone de confort. Était-ce vraiment un tour dans la grande roue de Londres qui y ferait quoi que ce soit ? Brandan était d’avis qu’il avait déjà fait de très grand pas vers cet objectif global en convainquant son ami de prendre le risque de cette sortie. Un soir de semaine ! En sa compagnie, qui plus est. La vie d’Esteban lui était certes mystérieuse, car une large part d’ombre couvrait encore tant de choses qu’il ignorait à son sujet. Cela ne le rendait que plus attrayant à ses yeux. Et plus il s’y intéressait, plus Brandan se montrait exubérant, à prendre trop de place dans sa vie. Jusqu’à en prendre dans son appartement. Mais voyez-vous, l’Américain n’en était pas à une contradiction près. Et il était aussi capable de bien se tenir, tel qu’il venait de le prouver sur le chemin qu’ils avaient tous les deux franchi pour en arriver jusqu’ici.

« J’adorerais savoir comment tu comptes t’y prendre. » répondait-il d’un ton enjoué. Il ne fut cependant pas nécessaire de s’éterniser sur la question de la possible torture aux mains d’Esteban, car c’était déjà leur tour de monter dans la cabine. Brandan y prenait place avec un sourire délirant, qu’il adressait au jeune couple qui leur tenait compagnie. Avant de laisser son regard être aspiré par la Tamise, par toutes les petites lumières de la ville qui, vues sous cet angle privilégié, faisaient oublier que l’on cherchait globalement à en étouffer tant, de lumière. En somme, ce n’était pas un Brandan qui se faisait désirer, lui et son histoire, mais tout simplement un mec heureux. Satisfait de goûter la délicatesse d'un souvenir. « Je… » Je, comme dans moi. Oui, Brandan pensait plus souvent qu’autrement à sa propre personne. Sauf que le regard qu’il captait à la dérobée chez son compagnon était un regard de détresse. Un regard qui arrivait à éveiller en son être toutes les blessures qu’il gardait bien cachées. Brandan était, une nouvelle fois, sans mot. Mais pas pour bien longtemps. « C'était à propos d'un homme. Un Américain, qui avait suivi sa femme de l'autre côté de l'océan parce qu'elle avait toujours rêvé de s'installer à Londres. » commençait-il. « J'ai toujours rêvé de diriger une de ces têtes d'affiche d'hollywood! » Brandan souriait, moqueur pendant une seconde. Son cinéma avait été un cinéma de détails, de sensibilité et de personnages. S'il avait tenu la caméra sur son continent natal, sa filmographie s'en serait peut-être trouvée bien changée d'ailleurs.

« Mais ce rêve était celui de sa femme, pas le sien. Et sa femme décédait dans un accident tout ce qu'il y a de plus bête - le film ne portait pas là-dessus, de toute façon. Plutôt sur cet homme, qui se retrouvait dans une Londres immense qui ne lui disait rien et qui lui était complètement étrangère. Avec une vie déménagée du tout au tout, un job qui ne lui plaisait pas vraiment, une maison trop vide, un accent terrible à assimiler. » ironisait-il en prenant volontairement un accent britannique qu'il maitrisait plutôt bien. « De fil en aiguille, de petites choses s'amenaient dans son quotidien pour lui ouvrir les yeux sur le fait que ce n'était pas la ville qui lui était hostile, mais bien l'inverse. Et il faisait un effort pour aller à la rencontre de la ville, des gens. »

« C'est ici, perché au sommet de la London Eye, seul dans sa cabine, qu'il éprouve pour la première fois le sentiment d'être « à la maison ». Comme une chute vertigineuse, something with the view. » Le regard de Brandan était aspiré, inspiré, par cette vue, alors qu'il se laissait prendre d'un doux enthousiasme. « D'une certaine manière, il comprenait qu'il n'était pas elle. Qu'elle était une partie de lui, bien sûr. Qu'elle le serait toujours. Parce qu'elle était un peu dans cette vue qu'il avait sous les yeux, mais cette vue était bien la sienne et la promesse d'un avenir qu'il avait encore, lui. » Brandan reportait son regard sur Esteban. « La caméra aurait été là, exactement où tu es. L'endroit parfait. »

Devant le silence d'Esteban, Brandan souriait doucement tout en détournant les yeux. Incertain. Et il appuya sa main sur le poignet du jeune homme à ses côtés, y exerçant une légère pression. Dans une volonté de... lui dire qu'il était là, avec lui. Non pas seulement envolé, quelque part dans ses souvenirs ou dans son imagination effervescente.
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Esteban Sturridge

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeVen 14 Juil - 19:11

    C’est avec les paupières closes qu’Esteban écoutait la réponse de Brandan. Pour vivre ce récit tel un rêve. Afin d’échapper au cauchemar de ses propres souvenirs qui avaient resurgi. Rares sont ceux pouvant prétendre qu’ils n’ont jamais réalisé de rêves, cela se veut même pratiquement impossible. Notre esprit réalise tout ce qu’il désire, dans l’inconscient, le corps sommeille et n’interagit aucunement de façon néfaste envers tout autre individu. Il n’y a pas de conséquences aux rêves, si ce n’est la terreur que nous font ressentir certains cauchemars ou l’aspiration que nous engendre certaines visions. Mais il demeure toutefois facile de dire « J’ai fait un rêve », sans en avoir la même force et la même symbolique qu’un certain Martin Luther ayant rendu cette simple phrase on ne peut plus célèbre à travers le monde. Si ce dernier a réussi cet « exploit », c’est certainement parce que son rêve se démarque totalement de ceux qui parcourent nos esprits et nos cœurs jour après jour, nuit après nuit. Tous ces songes ne sont que des rêves illusoires, des rêves insensés qui ne prennent pour source qu’un simple petit élément réel et concret pour le fantasmer dans un imaginaire profond et totalement dénué de sens et de réalisme.

    Il était certain que Brandan était l’homme qui a des rêves, l’homme qui les réalise est avant tout l’homme qui se réalise soi-même. La construction de notre être demeure toujours en pleine expansion au fil des années et au fil des différents rêves que nous en faisons. Telles des aspirations silencieuses et murmurées secrètement au creux de notre oreille, ils nous incitent à évoluer dans une direction plutôt qu’une autre et, ce, qu’on accepte de les écouter ou non. Un être ambitieux est un homme de rêve et, inversement, l’homme à l’écoute de l’ensemble de ses rêves sera généralement un être ambitieux. C’était sans doute cette partie du jeune homme qui fascinait Esteban. Bien qu’il se voit mal le lui confier, ou encore donner trop d’importance à…cette importance qu’il conférait au cinéaste, sans vraiment le désirer. Ses paupières se ré ouvrent et son regard rencontre à nouveau Londres. Il évitait la Tamise, mais c’était impossible de le faire, même perché à des mètres du sol. Peut-être que…Oui, peut-être que la raison pour laquelle Esteban ressentait ce mal à se détacher de ce qui a pu se passer avec Abel, c’est parce que ces moments courts, cette intensité, cet espoir, faisaient partie de l’un de ses rêves. Celui de trouver une personne qui lui redonnerait gout à la vie. Une personne pour laquelle il serait prêt à tout. Silencieux, il baissa le regard en sentant le contact de la main de Brandan se posait sur la sienne, avec cette légère pression qui témoigner d’une chose qu’il ne pensait pas présente chez le jeune homme : l’empathie. Non pas qu’il le croyait dépourvu de sentiments sincères. C’est juste, que ça lui fasse étrange d’arriver à toucher quelqu’un comme lui. Un léger sourire vint traverser le bout de ses lèvres, tandis qu’il soufflait à l’encontre du jeune homme. « J’aurais aimé aller voir ce film… » Son regard ne rencontre toujours pas celui de Brandan, alors que sa main glisse délicatement pour s’éloigner de la sienne. Il se trouvait tout de même pathétique, et il ne désirait pas que cette sortie, ne tourne qu’autour de ses blessures et sa mélancolie latente.

    « La vérité est que j’ai toujours aimé tes films. Puis je t’ai détesté …Et aujourd’hui, je ne sais plus ou …j’en suis avec tout ça… » Tout ça, exprimé par ses bras qui englobe un tout invisible, et un soupire qui traversait la barrière de ses lèvres. Ce tout ça, indiquait quoi exactement ? Son état ? Cette amitié ? Le monde ? Son passé ? « En réalité, même si je n’arrive toujours pas à te cerner…j’aurais sans doute perdu pied sans ta présence » Il a cet espoir de pouvoir le toucher, l’atteindre et de le trouver quelque part ou ils pourraient se parler à cœur ouvert. Chose qu’il n’avait jamais pu faire avec toutes les personnes importantes, qui ont toutes finis par partit, par lui mentir, par le lâcher. Mais il ne laisse plus l’espérance aveugle, l’espérance utopiste le guider. Mais, aussi fort que puisse être cet espoir, il se doit d’accepter la vérité telle qu’elle se présente. Ce n’était plus la logique de panser la blessure causée mais de reconstruire une symbiose qui couvrirait tout ce mal enduré et, surtout, subi injustement. « Alors, merci » Disait-il en jetant brièvement son regard sur Brandan. Il venait de se retourner, dos face à la vitre donnant sur la Capitale, les bras venant se croiser sur son torse et un regard doux, attendri, paré d’une mélancolie garnissant finement le très léger sourire qui se présenta sur son visage.
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Brandan Klein

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeLun 24 Juil - 21:17

La main d’Esteban glissait et s’éloignait de la sienne sous son regard. Brandan relevait les yeux sur Esteban avant même de laisser l’inconfort devenir une option. Sa main, c’était un peu comme toutes ces choses auxquelles Brandan avait accordé de la véritable importance. Peu nombreuses. Et toutes prises pour acquis. Nul ne pouvait nier qu’il avait travaillé plus que quiconque pour chacun des projets qu’il avait pu mener à termes, et même pour ceux qui étaient resté à l’état d’embryon. Mais jamais Brandan ne s’était vraiment posé la question. Il avait cru en son talent, cru en la chance que lui accordait un fin mélange de hasard et d’acharnement devant l’objectif de réussir et d’être au sommet en son domaine. D’avoir accès aux meilleures équipes, au meilleur matériel, aux grands budgets. À bien y penser, c’était peut-être précisément parce qu’il n’avait jamais même cru possible l’échec qu’il ne s’en était jamais approché. Croire en soi était assurément l’un des ingrédients clef de la recette. Non pas miracle. Tout simplement, l’attitude à avoir pour endurer les difficultés de l’unique route. Brandan avait cru qu’il saurait apporter réconfort à Esteban. Il faisait bien des choses en suivant cette vision pompeuse qu’il avait toujours entretenue de lui-même. Ce n’était pas entièrement de la prétention de sa part. Ça avait tout simplement toujours été sa meilleure arme pour ne jamais cesser d’avancer et pour éviter de se laisser affecter par les dégringolades et les divers aléas de l’existence. Quoi que l’on puisse en penser, l’ancien cinéaste apprenait beaucoup de choses au contact de son actuel colocataire. Lire les subtilités d’un changement de regard n’était pas exactement la même chose que de savoir le commander à un acteur. Cela faisait partie des choses qu’il avait toujours prises pour acquis. Brandan croyait que rien ne pouvait lui échapper chez les autres, mais Esteban à lui seul représentait un océan de mystères.

La main d’Esteban, c’était aussi comme ces journées de tournage pour lesquelles il aurait été prêt à donner n’importe quoi afin d’en vivre une seule de plus. Il s’était toujours cru essentiel, alors que c’était le cinéma qui l’avait été pour lui. Il avait souhaité offrir du réconfort et c’était lui surtout, qui éprouvait un étrange vide à sentir cette main s’éclipser du contact de la sienne. Cela ne le dérangeait pas, d’avoir été détesté. Il aurait admis volontiers l’avoir cherché, d’une certaine façon. Brandan souriait. Parce qu’il n’offrait pas autre chose à quiconque, parce que ça faisait partie de lui de se montrer sous son bon jour. Même s’il éprouvait quelque chose, une sensation dérangeante à cette instant bien précis. « Peut-être bien, que tu pourrais m’en parler. De tout ce que tu ressens à propos de… tout ça. » Le sourire en coin laissait deviner que Brandan se comptait partie intégrante de cette mention difficile à définir. Il ne s’agissait pas, cette fois, de provocation. Même si une part importante de lui ne pouvait jamais s’empêcher de pousser les gens dans leurs derniers retranchements. Sous l’influence d’une envie de jouer, de titiller, et surtout de vivre et de faire vivre quelques émotions. Cela répondait sans nul doute à une angoisse silencieuse chez l’Américain, qui avait besoin d’exister dans les regards et dans les esprits. Son sourire en coin se serait maintenu ainsi, s’il ne se retrouvait pas pris complètement de court par les autres mots d’Esteban. Impossible pour Brandan, de coutume indéchiffrable s’il en décidait ainsi et il en décidait toujours ainsi, de camoufler l’incrédulité qui gagnait ses traits. « Ne me remercie pas… » Il avait du mal à changer d’expression, alors que ses prunelles vertes étaient fixées sur la silhouette du jeune homme lui faisant face. « Avant toi, je n’ai jamais eu qu’un seul ami… Sans d’ailleurs être bien doué pour cela. » Ces éclats de sincérité. Ou de lucidité, devrait-on dire. Étaient particulières à cette relation particulière. Même en la compagnie de Stefan, il ne s’était jamais ainsi remis en question. Sa mort l’avait changé plus qu’il ne saurait l’admettre, même s’il n’en parlait jamais. « Et il est mort. C’est moi qui devrais te remercier de m’avoir tendu la main. » Et il était en train de le faire, à sa façon. Baignant dans l’inconfort d’une conversation dont les codes lui échappaient. Tout ce que Brandan faisait, disait, était naturellement calculé. Ce n’était pas le cas, en ce moment.

Ce n’était pas seulement de l’inconfort toutefois. C’était aussi un sentiment de soulagement, de légèreté à l’idée de pouvoir confier des mots, et des maux. C’était laisser une place à quelqu’un bien plus près du cœur qu’il n’aurait cru être en mesure de le faire sans se braquer et tourner la situation à la rigolade. Brandan regardait toujours Esteban. Il était comme en attente, il aurait aimé que ce dernier lui dise ce qu’il avait tant sur le cœur. Ce que Brandan avait déjà identifié depuis leur première rencontre sans pour autant être en mesure de le définir. Comme les mots ne venaient pas, comme le silence s’éternisait et lui faisait douter de l’envie d’Esteban de se confier à lui. Brandan jetait à nouveau un oeil vers cette vue, qui le charmait, avant de il reprendre la parole avec une légèreté un peu forcée : « Mais tu ne me détestes plus, right ? » Il relevait les yeux vers Esteban.
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Esteban Sturridge

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeMar 8 Aoû - 21:05


  • « Peut-être… » Une probabilité soufflée en promesse...probable tout autant. Un tas de choses faisaient barrages aux confidences simples, mais totales. Tant que son passé continuait à le hanter, il ne pourra pas arriver à s'ouvrir à qui que ce soit. Pourtant, il fallait le croire, ce n’était pas l’envie qui manquait. Et à y songer un instant, c’était ce qui les avait rapprochés. Ce qui les marquerait le plus. Ces Souvenirs sombres.  Que chacun avait vécu de son côté. De ces nuits où la lune se dressait dans le ciel, moqueuse. Aujourd’hui, il n’y avait ni Lune, ni ciel sombre, ni étoiles. Aujourd’hui, il n’y avait qu’un Esteban effrayé parce qu’il ressent et a ressenti, un jour. Et un Brandan le découvrant doucement. Toujours. Ça ne serait que ça, peut-être, jusqu’à ce qu’Esteban n’en puisse plus. Qu’il abandonne l’idée de ses déceptions passées, pour une durée éphémère, qui lui semblerait bercée de doux moments, qu’il ne voudrait en rien abandonner. Mais nous n’y étions pas encore. Peut-être que ce moment n’arrivera jamais, si le destin ne se fait pas trop taquin. Pour le moment, Esteban fournissait un effort monstre pour pouvoir taire ces doutes qui l’attaqueraient. De taire cette envie d’en finir qui s’en prendrait à lui. De se taire tout simplement, en agissant. Et il agissait. En se retenant de briser l’espace qu’il y avait entre eux. Si petit espace. Si grand espace. Limite qu’il voulait barrer de ce regard mélancolique. Qu’il voulait hachurer, rayer de cette réalité.  Pour nourrir ce besoin de chaleur humaine qu’il rejetait sans cesse, qu’il reniait jusqu’à en suffoquer, parfois.

    L’angoisse lui assaillait la raison. Car la fatigue se jouait de lui. Car personne ne voulait de lui. Et son regard se détourna de celui du jeune homme. Son cœur se déchira. L’acte s’enfonça dans sa chair en une vrille de tristesse, lui mordant les prunelles d’une nouvelle vague de peine. C’était ainsi. Des paroles si infimes qui le ligotaient sur place, fils rouges d’une Fatalité qui se jouait de lui, comme elle ne cessait de le faire. Il aurait voulu le réconforter, mais il se sentait incapable. Il détestait quand ça lui arrivait, l’impression d’être muet et immobile. Ses bras ne répondaient pas, alors qu’il pouvait effleurer son épaule du bout des bras. Ses jambes ne répondaient pas, alors qu’il pouvait le toucher en avançant d’une poignée de centimètre. Sa tête ne répondait pas, alors qu’il pouvait lui souffler toute son empathie sur le visage. Son dos ne répondait pas, alors qu’il pouvait s’effondrer sur lui dans une approche un poil brutal. Ses muscles se taisaient face à son appel. Ses ligaments étaient sourds à son besoin. Ses nerfs ne répondaient rien face à sa détresse. Ses pieds n’avançaient pas, alors qu’il ne demandait que ça, le Destin le retenant sur place. Il ferma les yeux, chassant cette vision de son esprit, monde en noir sur ses yeux miel. Il rouvrit rapidement ses paupières pour que son regard tombe sur le jeune couple occupant cette cabine avec eux. Encore plus jeunes qu’eux, plus naïfs sans doute, amoureux aussi, c’était certain…Mais la peine, ils finiront bien par la rencontrer se disait-il, tristement.

    Et c’était Brandan qui brisa le silence, cet inconfort indescriptible les ayant gagné. Et bien évidemment, il y a des fois où l’envie se fait plus forte que la raison. C’était le cas ici. Esteban trouvait ça absurde. De ne rien dire, de ne pas réagir, de s’interdire de parler, de s’avancer, se rapprocher, toucher autrui.  Il avait toujours été seul dans les combats de sa vie. Ne se reposer sur personne. Ne faire confiance qu’à un cercle restreint de connaissances. C’était tellement plus facile pour lui d’agir de cette manière. Après-tout, il n’existait pas aux yeux des gens. Il était l’ombre de la City, l’ombre de la résistance, qui vivait pour elle. Qui se soucie d’une ombre ? Vous êtes tellement semblables. Une belle paire d’idiots.

    Mais Esteban avança, et posa même sa main sur l’épaule du jeune homme. Celle-ci se voulait assurée, et rassurante. Tandis que son regard alla enfin à la rencontre du sien. « Tu m’avais demandé de sortir et de nous rendre à la London Eye…Et nous y sommes, ça devrait répondre un peu à ta question, non ? » Il ne le détestait pas. Et c’était tout le problème. Car ne pas détester, c’est apprécier, c’est considérer, c’est se lier, c’est s’attacher…et c’était le pire pour lui. Car au fond, Esteban n’était que son miroir. Brandan n’était que son miroir. Qu’importe leurs nombreuses différences. Reflets de réalités qui les déchiraient chacun à leur tour, brisant leurs illusions de morceaux de verres jonchant le chemin de leur histoire à deux. Des échos qui s’entrainent dans des chutes, des revirements de situation. S’attirer. Se repousser. S’aimer. Se haïr. S’en vouloir. Regretter. « Je suis désolé pour ton meilleur ami, tellement… » Finit-il par prononcer, alors que sa main se maintenait sur son épaule. Une sincérité absolue pouvait se sentir dans son regard, dans son contact, dans cette proximité si longtemps interdite par sa raison. « Et je suis désolé de te demander cette faveur, mais…je me dois de le faire » Sa main quittait son épaule, et cette proximité nouvelle devint ancienne lorsqu’il rouvrit la bouche pour prononcer sa requête. « Ne me permets jamais de m’attacher à toi, jamais. » Et il le regarda. Enfin. Enfin, il reprit son souffle sans que ce dernier ne lui érafle la gorge, sans qu’il ne lui brûle les poumons. Sans qu’il ait l’impression que tout était fini avant qu’il n’ait réellement quoi que ce soit de commencé. Maintenant, c’était différent. Maintenant, s’était le noir qu’il voyait. L’ébène de ses doutes. Les tourmalines de sa décision. L’obsidienne de sa douleur. Ce qu’il méritait.

    Son regard se déroba alors que la cabine s’immobilisait. Enfin, un peu d’air frais. Un peu de recul. Un peu de distance. Mais pourquoi ? Pourquoi donc, Esteban ?

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeJeu 17 Aoû - 18:58

Peut-être. C’était cela, c’était l’incertitude. Un malaise qui les gagnait pour une raison difficile à expliquer. Une main tendue, posée sur son épaule, qui donnait envie de croire qu’ils n’étaient pas seuls. Mais, voyez-vous, chacun résistait. À sa façon, selon les paramètres qui avaient régi la moindre prise de décisions depuis des semaines, voire des mois. Brandan voulait connaître à nouveau le sentiment tout-puissant d’avoir accès à la libre-expression. Il avait cela quand il tournait ses films et même si ça avait de l’importance pour lui aujourd’hui, tourner pour la résistance n’avait rien à voir avec son travail d’avant. Il n’avait pas l’habitude de nourrir ses relations avec les gens comme s’il s’agissait d’importants éléments de sa vie - c’était, au lieu de ça, une fine construction qui se tenait dans l’équilibre de ce qui pouvait être tiré de chacun et donné en contrepartie sans avoir à trop s’impliquer -, mais celle qu’il avait avec Esteban était de loin ce qui lui procurait le plus grand bien. Ce qu’il avait toujours perçu comme de profondes banalités lui était dorénavant essentiel. Discuter, partager, faire plaisir… Ce soir, c’était Esteban qui lui avait fait plaisir en l’accompagnant pour cette escapade tout au sommet de Londres. Des idées de grandeur, Brandan en aurait toujours. C’était peut-être cela que percevait Esteban et qui lui faisait éprouver le besoin de résister. Même en amitié et surtout parce que cela était si rare pour lui, il se montrait gourmand. Exclusif, même. À bien y penser, Brandan n’avait jamais vraiment su avoir plus d’un ami véritable à la fois. Ni n’avait jamais été engagé dans une relation amoureuse. Brandan était l’homme de son public et sur le plan personnel, lorsqu’il s’y investissait un tant soit peu, ce n’était que pour une seule personne. Il ne savait pas faire autrement et avec lui les frontières, les limites, étaient toujours incertaines.

Mature était l’artiste, mais l’homme l’était moins. C’était une lueur de frustration qui brillait dans ses yeux fixés sur le visage d’Esteban, aussitôt que son sourire mutin s’était envolé. Il était difficile de décrire l’impression coup de poing qu’il ressentait à cet instant, à moins que ce ne soit de la déception. C’était pour cela que Brandan se refusait à aller trop loin, parce qu’il ne comprenait pas les gens. Parce que les tragédies, cela faisait joli sur 1 h 45 au grand écran, mais au quotidien, chacun aurait pu s’en passer. Si prompt qu’il était à laisser aller un flot de paroles finement élaborées pour convaincre, divertir, titiller son interlocuteur, Brandan se taisait complètement à présent. Même que son regard se détournait vers l’horizon à nouveau, dans un mouvement de fuite qui n’était pas calculé. C’était précisément de ces longueurs qu’il aurait coupé dans un long-métrage, c’était ce qu’il y avait de pas très glorieux. La frustration de l’un et l’incertitude de l’autre. Des deux. C’était peut-être de ces moments où il fallait s’oublier un peu pour mieux penser à l’autre. Écouter, questionner, ou tout simplement être présent. Au lieu de ça, ils avaient probablement l’air bien intelligent à regarder chacun en une direction opposée.

« N’est-ce pas en cela même que consiste l’amitié ? » Il appuyait malgré lui chacun de ses mots, surtout le dernier. Une légère vibration dans sa voix trahissait son agacement. Si Esteban lui avait dit « je me suis attaché à toi », ne lui aurait-il pas répondu qu’il valait mieux ne pas le faire ? Brandan avait l’esprit de contradiction certes, mais la « faveur » inattendue du jeune homme mettait surtout en lumière ce qu’il ressentait lui-même. Bien sûr, qu’il s’était attaché à lui. Cela faisait déjà un certain temps qu’ils vivaient sous le même toit. Qu’ils discutaient de tout et de rien lors du diner, qu’il faisait les courses pour que Esteban puisse se reposer lorsqu’il rentrait du boulot. Il en était surtout à se demander s’il ne ratait pas une signification essentielle au travers des mots d’Esteban. S’il n’avait pas détourné les yeux, peut-être aurait-il compris. Il éprouvait pour la première fois depuis qu’ils étaient montés l’envie de quitter la cabine. Il s’y sentait soudainement bien à l’étroit et forcé de partager l’espace avec des inconnus qui pouvaient très bien écouter leur conversation, même s’ils étaient occupés à se soucier d’eux-mêmes. Le timing était bon, car la cabine s’immobilisait enfin. Comme si aucun des deux ne savait très bien ce qu’il convenait de faire, Brandan faisait un petit signe de la tête au jeune couple pour leur indiquer de passer devant. « Cette fois, j'ai du mal à te suivre... » ajoutait-il à l’intention d’Esteban. D’un ton beaucoup plus pragmatique que ce qu’on lui connaissait. Qui contrastait avec le sourire qu'il se risquait à lui envoyer et qui n'était pas convaincu.

Brandan le laissait prendre l’initiative. D’abord celle de s’extirper de la grande roue et puis, celle de la suite de cette soirée. Il n’avait pas envie de rentrer déjà à l’appartement, mais il ne voyait pas comment contraindre Esteban à le suivre dans une autre aventure spontanée. Ses mots lui résonnaient en tête. On pouvait la sentir, cette irrésistible envie de parler. Brandan glissait les mains dans ses poches, dégageant cette étrange impression de ne pas savoir où les mettre, où se placer lui-même. C’était un fait tout nouveau pour lui. L’envie de s’investir. Plus il laissait l’écho des mots d’Esteban l’envahir, plus il se sentait obsédé par l’incompréhension qui le rongeait.
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Esteban Sturridge

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeLun 4 Sep - 23:50


  • L’Esteban d’aujourd’hui est plus que jamais l’Esteban sous l’ère du nouvel ordre. Méfiant, mélancolique, contradictoire, renfermé, sombre…même le vert de ses yeux n’arrivait plus à percer, ne laissant que ce miel visible et s’assombrissant de jour en jour, quel que soit la personne en face.   Connexion de décisions furtives –une de tueur qui ne croit plus vraiment en relations humaines, l’autre de sauver, son humanité. Impulsions qui lui coûtent. La courbe monotone de sa vie, comme une feuille mourant à l’automne fut balayée par un vent frais, provenant de l’Est. La présence de Brandan dans son existence fut inattendue, et force est de constater qu’elle avait changé des choses. Tout changea. Tellement de choix, de certitudes, qu’il ébranla, par sa simple présence, pointant de ses yeux trop clairs les épaules vacillantes d’un pseudo héros en apprentissage. Si sombre est son regard, lui qui aspirait jadis, le Lion en des terres inconnues. Mais tout se brise sur son chemin désormais, et Esteban peut se faire disparaitre, il l’a appris. S’oublier complètement. Dans un souffle. Oublier la peur, la douleur. Ne ressurgir que durant une nuit sans lune. Nuit ou ses yeux contenant trop de colère. Orage de ses démons sur sa vie. Quand tout le monde est parti, il n’aurait alors pas dû ouvrir sa porte à nouveau. Si seulement il aurait su que l’invité qu’il pensait incapable de le toucher, avait réussi à faire baisser sa garde à plus d’une reprise. Sa présence l’a transpercé comme un pic, coup de révolver, plein de poudre.

    Un accroc dans son parcourt. Tu aurais pu, aurais dû n’être que ça. Esteban clouerait ta gueule sur l’asphalte humide et tu n’aurais été qu’un mauvais souvenir, un peu trop douloureux. Mais Esteban est fort, de lui, de ses convictions aussi. Presque invincible. Phœnix de son temps, de ses secondes. C’était cette volonté indescriptible, une qui lui brulait l’échine, lui tordait les nerfs, qui le forçait, le poussait à se protéger de toutes choses, surtout des autres. Surtout de l’attachement. Si cela avait été possible. S’il avait pu, il lui aurait choisi le don de télépathie, pour qu’il puisse comprendre tous les évènements de sa vie si sombre, celle qui, gramme par gramme, prenait un malin plaisir à le détruire. Trop de choses se bousculent dans sa tête. Trop de malaises, face auxquels, il fit le choix du silence. On aurait pu dire qu’il ignorait les paroles de Brandan. Mais c’est faux, c’est parce qu’il ne les ignorait pas, qu’il voulait les fuir. Une main passa dans ses cheveux châtains, chassant les mèches rebelles lui chatouillant le front. Ça n’allait pas. Ça n’allait pas. Pour la première fois de sa vie, le sentiment dérangeant de tout faire de travers, celui même de vivre, le tiraillait l’âme en une litanie de réflexion. Cette idée unique, sur laquelle toutes ses craintes se délectaient, le nécrosaient de l’intérieur. Vibration internes de la plus petite particule se débattant avec la ligne conductrice de ses actes futurs. Un Echo agaçant. Le mal de crâne revint, les paroles de Brandan également. Et le fait d’avoir quitté l’atmosphère presque claustrophobique de la cabine aurait dû arranger son état. Sauf que ce n’est pas le cas.

    Il parut surpris, en réalité, l’était. Le fut face à ce ton pragmatique qu’il ne connaissait pas. Un aveu qui sans qu’ils ne le sachent, ni l’un ni l’autre, discrètement, annonçait un renouveau dans leur entente. La surprise, ainsi que l’air dubitatif qui marqua ses rétines s’atténuèrent, succédant une blessure muette qui se creusait dans la légitimité de son existence. Ses yeux se pincèrent, formant une succession de rides, se scindant un moment entre le dégoût de lui-même, et le dégoût de tout. Était-ce ainsi ? Était-ce vraiment ainsi ? « Ça devrait pourtant être simple pour toi, non ? » S’immobilisant et se tournant vers lui, avec cette tendance à garder une distance presque ridicule entre leurs deux positions. « Je me souviens d’un moment où tu m’avais avoué que rien ni personne n’avait d’importance pour toi, hormis le cinéma… » Qui reste debout, outre la gentillesse profonde qui illumine son âme ? Que lui restait-il de valable, d’acquis dans le moindre recoin de son corps ? Cherchant au-delà de la chair, des os, de la souffrance. Une chose fugace, impulsive, nerveuse, brillant en une sphère diffuse. Étincelle de Lumière. Celle de ses yeux qui fixent ceux de son vis-à-vis, caché par des émotions trop lourdes pour un garçon trop rêveur. « Les gens ont de l’importance pour moi…Ou du moins, ils ont eu beaucoup trop d’importance. Et comment ça s’est soldé ? Il y’a ceux qui m’ont lâché, ceux qui m’ont trahi, ceux qui m’ont abandonné…et ceux qui sont partis sans un mot d’Adieu. » Malgré une légère nausée, il mettait un point d’honneur à finir ce qu’il avait sur le cœur. « Je ne veux plus connaitre ça…Je veux dire, je n’ai pas envie d’avoir mal, encore une fois, en connaissant l’un de ces scénarios, et on sait trop bien tous les deux que tu… » Il avait l'habitude, se débrouiller seul était une seconde nature. Il voulait que cela le soit ... Un bien beau mensonge qui s’effritait sous la douleur, éhonté, brisé encore une fois.  Accepte d'avoir les autres à tes côtés Esteban ... Une phrase, souvenir d'un autre temps, sourire amer. « Tu ne devrais pas avoir du mal à me suivre…Parce que tu ne t’attaches pas, alors…ne me laisse pas bêtement m’attacher. »
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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeMer 13 Sep - 17:00

C’était comme si la Tamise se moquait d’eux, paisible et scintillante sous les reflets des lumières de la ville. Brandan aurait voulu avoir quelque part d’autre où aller, question ce soir de ne pas être cet insupportable parasite occupé à tout prendre d’Esteban. Une certaine amertume le gagnait alors qu’il cherchait intérieurement le souvenir de cette fois où il lui aurait confié ces mots à propos du cinéma et des gens. Des mots, tels qu’il en prononçait souvent. En soi, cela n’avait rien de bien surprenant. C’était même la vérité, Brandan n’aimait guère s’encombrer de ce qui n’était pas passionnant. Les gens l’étaient bien peu et l’ancien cinéaste mettait trop d’efforts à construire tout un cirque lui-même pour se contenter de banalités. Le cinéma, c’était faire quelque chose d’incroyable avec ce qui n’était finalement que la vie ordinaire de tous les jours. Les gens mouraient, mais pas les personnages. Les amitiés, les amours, s’effritaient inévitablement, mais pas celles et ceux qui trouvaient l’éternité au travers de l’art. Pour une fois, il aurait préféré s’être tu cette fameuse fois dont il ne se souvenait plus. Pendant de longues années, Brandan avait soigneusement choisi ses mots à chaque fois qu’il avait eu à parler devant les médias ou lors des présentations de ses films. Il avait la langue bien pendue, mais personne si bien que lui qui voulait marquer et rester dans les esprits n’était conscient de la portée des mots. Certaines de ses volontés passées de choquer avaient été bien assumées et calculées. …Certainement pas celle-ci. Il se sentait floué par ses propres mots et profondément agacé de l’importance que leur accordait Esteban. C’était un sentiment de plus en plus présent dans son quotidien, sur laquelle il perdait lentement le contrôle. Il détestait cela. Le monde s’écroulait, mais Brandan refusait de céder avec. Il refusait de laisser disparaître de son visage ce sourire charismatique, cette autosuffisance, ce confort d’être ce qu’il était. Si bien qu’en cet instant, cela ressemblait davantage à une grimace, car il était tiraillé entre cette fierté de tout temps et l’inconfort qui l’avait gagné pour y rester bien ancrée.

C’était de sa lumière qu’il s’enivrait, ou plutôt de sa lumière tapis sous toutes ces couches d’ombres. Brandan connaissait bien les ombres, cela ne l’attirait pas plus que ça. Il voulait la lumière, la sienne. Délicate, fragile, brisée, précieusement préservée en vie malgré le gouffre indéfinissable qui menaçait de s’en emparer définitivement. Il le voyait tous les jours, Esteban peinait à demeurer Esteban. Esteban souffrait d’un mal sans nom, dont il observait les effets sans en connaître les causes. L’Américain finissait par pousser un profond soupir à peine retenu, coup d’œil jeté en biais vers son interlocuteur dans cette marche vers nul part. « J’ai de la chance, alors, puisque cela fait des années que je n’ai plus le cinéma. » lâchait-il sarcastiquement. Comment lui dire alors ? Que les gens désiraient des choses compliquées. L’argent, qui n’avait de réelle valeur que lorsque vous en manquiez, la santé, sur laquelle on n’avait au final aucun pouvoir, la sécurité, qui ne dépendait jamais de soi mais de ceux susceptibles de vous abattre, le sexe, qui… Bon dieu, rien n’était plus compliqué aux yeux de Brandan. Les gens étaient trop compliqués pour leur laisser le loisir d’avoir toute l’importance. Esteban le décrivait si bien lui-même. Donner de l’importance à tout, et tout le monde, c’était se condamner d’avance. Il aurait dû prendre le temps de s’arrêter et de lui dire des mots réconfortants. Parce que Brandan avait bien entendu, écouté, ce que venait de lui confier le jeune homme. Mais Brandan n’était jamais ce que n’importe qui aurait été.

« Je suis navré que les gens n’aient été… que des imbéciles. » Le jeune homme s’écartait enfin du chemin qu’ils empruntaient depuis leur sortie de la grande roue pour s’arrêter au bord du fleuve, jetant furieusement son regard sur celui-ci. « Il paraît que c’est l’exception qui confirme la règle, ou une connerie comme ça. » D’où lui venait cette frustration ? Du plus profond de ses tripes, de ce sentiment de rejet douloureusement humiliant qui irradiait dans tout son corps. « On sait trop bien tous les deux que tu… » Combien de suppositions - vraies, fausses ou purement hypothétiques - étaient contenues dans cette affirmation incomplète ? « Que je… Que je quoi ? » Oh, Brandan aurait fait des folies pour prouver son point. Il brillait d’ailleurs dans ses pupilles cette lueur d’extravagance si typique, mais il reportait promptement son regard sur la silhouette de son interlocuteur qui se rapprochait un peu. « Je t’aime bien, Esteban. T’es mon exception. Ou es-tu trop effrayé pour cela ? » Son regard se faisait insistant et exigeait une réponse. Une décision de sa part, qui plus est, puisque Brandan les avait en quelque sorte forcés à s’immobiliser ainsi près de la rambarde de béton au-dessus du fleuve. Ils n’y passeraient pas la nuit, si ?
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Esteban Sturridge

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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeDim 1 Oct - 15:52


  • Effrayé ? En voici un mot bien intéressant. Etre effrayé, avoir peur, n'est-ce pas l'histoire de sa vie depuis l’avènement même du nouvel ordre ? Cette peur de presque tout, et tout le monde, qui ne cesse d'alimenter en lui une quête de sécurité, qu'il sait perdue d'avance. Ce besoin de sécurité engendre inévitablement la peur et, ayant peur, il dépend de plus en plus des choses auxquelles il est attaché. Sa famille en premier temps, sa profession, son jeu fait de mensonges. C'est ainsi que surgit la question de la liberté et de la peur, et on se demande s'il est le moins du monde possible d'être affranchi de cette peur, non seulement physiquement mais psychologiquement, non pas superficiellement mais encore dans les recoins les plus obscurs et les plus profonds de notre âme, dans ces mêmes recoins secrets qui n'ont jamais été pénétrés. L'esprit peut-il être entièrement et complètement affranchi de toute angoisse? C'est la peur qui détruit l'amour - ceci n'est pas une théorie - c'est elle qui facilite l'anxiété, la possessivité, la domination, la jalousie dans tous nos rapports, et c'est elle qui provoque la violence. Comme on peut l'observer dans les villes surpeuplées avec leur explosion démographique, il y a une grande insécurité, une grande incertitude, une grande anxiété. C'est là en partie ce qui pousse à la violence. En ramenant la situation d’Esteban à cette exemple, il suffira de porter la violence, tantôt sur ce qu’il est, tantôt sur ce qui l’oblige à être autre chose. Le jeune homme peut-il s’en affranchir de cette peur de façon à oublier ce qu'il ressent envers ce nouvel ami qui est Brandan, et à en sortir sans que subsiste cette ombre, cette obscurité qui accompagne la peur?

    Il avait si peur des conséquences, peur de ce qu’il pourrait faire lui-même. Il luttait constamment contre, plus il luttait, plus elle se faisait grande, sa peur. Plus sa résistance est intense et ainsi certaines de ses activités névrotiques sont mises en branle. Quand elle est là, l'esprit - ou le « moi » - dit: «il ne faut pas qu'il y ait de peur », et le voilà toujours dans la dualité. Il y a un « moi » qui est autre chose que la peur, qui s'en évade, qui y résiste, qui cultive son énergie, dévide des théories; et puis il y a le « non moi » ! Le « non moi » c'est la peur; et le « moi » est maintenu séparé d'elle. Il y a donc un conflit immédiat entre la peur et le « moi » qui cherche à s'en rendre maître. Un conflit qui se reflète souvent lorsqu’il s’adresse à Esteban : peur, trouble, confusion, attirance, amitié, méfiance, attachement, désir…Tout ce flot de sensations le poussent à perdre confiance, à choisir la solution la plus simple, la plus sage même. Et celle-ci n'est autre que le fuite.

    « J'ai la trouille, oui...» Finit-il par avouer suite à de bien longues secondes de silence, ou son regard ne faisait rien d'autre que se perdre en des points et des silhouettes hasardeuses. Désormais, son regard et ancré en celui de Brandan, et le visage qu'il lui présentait était grave, paumé et triste. Oui, toutes ses couleurs se révélaient en cet instant. « Comprends-tu ce que tu déclenches , Brandan ? Comprends-tu que de la même manière que je semble fracasser tes faux-semblants, tu rends l'armure que je me suis faite… désuète… d'un seul regard posé sur son ombre?» Il n'y avait plus de jeu. Plus à ce stade-là, et cette pensée lui tira un léger frisson de peur. Peur de son regard, peur d'un "je t'aime bien aussi" qu’il voudrait raturer, désespéré, peur de voir la même chose se refléter dans l'océan qui l'observait à la dérobée. Et encore plus, bien plus ... Esteban finit par combler la distance entre eux, ne cherchant visiblement pas de réponses à ses questions posées. Face à Brandan, la main d’Esteban alla se porter sur la joue du jeune homme, tandis sur ses paupières se fermèrent. Où il fermait les yeux, un mince sourire sur le corps, sur l’esprit, sur le cœur. C’était un réflexe. Comme des milliers de mains qui s’accrochaient de-ci de-là de son corps, sur ses épaules, les manches de son t-shirt, le bas de son pantalon et ailleurs. Une force inéluctable qui parcourait son corps depuis si longtemps. Instinct de survie. « Je vais rentrer… Profites de ta soirée.» Et sa main glissa, s’éloigna, et son regard s’ouvrit sur le sien. Ultime regard et un drôle de sourire avant de disparaître comme toujours, dans une obscurité rassurante.


Dernière édition par Esteban Sturridge le Mer 18 Oct - 18:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Take a chance on me - Part II Take a chance on me - Part II Icon_minitimeLun 9 Oct - 19:09

L’ancien cinéaste avait toujours refusé de se définir en fonction des autres. Ironique ? Aux yeux de plusieurs, cela en avait fait un monstre d’égocentrisme. Avouons donc que Brandan était un champion incontesté lorsque venait le temps de n’en faire qu’à sa tête. De longues années durant, il avait joué à être « Dieu » en créant le monde à sa façon dans ses films. S’il avait pu, il aurait sans doute tout fait lui-même pour être certain de correspondre en tout point à sa vision particulière. Nul ne pouvait nier qu’il en avait une. Ce talent indéniable l’avait placé en une posture avantageuse malgré une façon de travailler et d’interagir avec les autres qui lui aurait certainement fait bien des ennemis s’il avait œuvré dans un autre domaine. L’art accordait toutes les libertés. Malgré son jeune âge, Brandan avait été un maitre du cinéma et cela l’avait poussé à croire qu’il connaissait tout autant la vie. Rien n’était plus faux. Brandan ne connaissait rien à la vie et encore moins à ses semblables. Nouer des liens n’avait jamais été sa tasse de thé. S’il avait bien eu quelques rares amis, ceux-ci avaient toujours implicitement accepté le contrat mystérieux qui était en cause, lorsque l’on était l’ami de Brandan. Il ne fallait rien lui demander, en tout cas rien qui l’aurait dérangé dans ses ambitions. Il fallait s’attendre qu’à ce qu’il ait toujours une bonne excuse pour ne pas être présent, toujours une bonne histoire à raconter qui ne vous concernait pas. En revanche, il fallait aussi s’attendre à ce qu’il exige de vous l’impossible s’il se trouvait à avoir besoin de quelqu’un pour combler sa solitude qu’il prétendait ne jamais ressentir comme un poids mais plutôt comme une bénédiction.

Les temps avaient pourtant changé et Brandan n’avait pas fait exception. Il lui avait fallu s’adapter. La mort de Stefan avait souligné à grands traits le fait qu’il ne pouvait plus vivre pour lui-même et par lui-même. Son masque d’indifférence s’était forgé dans une vérité passée mais n’était désormais plus rien d’autre qu’un masque, un beau rôle qu’il s’était accordé à lui-même dans sa propre conception du monde auquel la réalité faisait violence. Brandan était bien plus idéaliste que cynique. L’impossibilité à trouver la satisfaction de ses idéaux le poussait toutefois à un manque de confiance. Presque un mépris des autres en certaines occasions. Le jeune homme ne supportait pas d’être dans l’ombre. La chaleur et l’éclat des projecteurs lui manquaient tous les jours. Se pouvait-il qu’un seul regard ait la force de satisfaire l’infini besoin qui l’habitait d’être vu ? Il avait toujours rejeté cette possibilité, été avare de ses propres regards sur les autres et refusé d’y croire. Pourtant, ces derniers jours, le vide interstellaire en lui s’était amoindri, ses sourires n’étaient pas feints, ses actions se voulaient pour la plupart entièrement sincères et dévouées.

La main d’Esteban qui se posait sur sa joue était une morsure. Où était donc passée l’indifférence ? Une brûlure qui venait retourner quelque chose en son âme. Personne ne l’avait jamais touché… Cela pouvait être justement interprété de bien des façons. On l’admirait, on le détestait, on l’injuriait, on s’en moquait ou on le respectait… Mais on entretenait avec Brandan Klein une saine distance parce qu’il était encore un peu plus parasite depuis qu’on l’avait privé de son statut privilégié d’artiste. Le cinéaste avait été adulé, peut-être quelquefois désiré… L’homme n’était que vestige d’un passé, faiseur d’images, porteur d’autant de faiblesses que tous les autres même s’il faisait tout en son pouvoir pour ne pas avoir à l’admettre. Pour la première fois de toute sa vie, il se sentait en danger face à quelqu’un. Lui Brandan, en perte de contrôle totale, intimidé à sa façon, réduit à un silence fasciné, dépendant dans l’attente de croiser son regard à nouveau. Mais Esteban gardait ses yeux fermés de longues secondes et le frustrait de ce violent désir d’être regardé. Esteban maintenait entre eux une distance qui n’était pas physique puisqu’il lui semblait bien qu’il ne s’était jamais tenu si proche de lui. La distance se logeait véritablement dans cette suite logique à cette contradiction inhérente à leur relation ; une fin trop abrupte, la fuite… Cela le prenait de court et laissait s’immiscer en lui une agitation plus brusque que toutes les précédentes. « Esteban… » Brandan pensait la vie comme un scénario. Rien n’était fait pour rien, tout était dit dans un but précis. Pour le style, pour frapper les esprits. Et inutile d’investir dans ce qui n’était pas de la plus haute importance. Depuis peu, ses priorités avaient changé. Il accordait de l’importance à l’état du monde, aux changements auxquels il pouvait contribuer de par ses talents reniés, à cet homme… Cet ami, ce colocataire, cet imbécile capable de faire perdurer chez lui l’envie de ne pas être seul et de se soucier d’autre chose que de sa personne. Il se laissait prendre au moment présent sans chercher à l’embellir de quelques fioritures, il s’y plongeait brutalement en réalisant que sa réaction, ce qu’il dirait, ne dirait pas, ou ferait, ne ferait pas, était d’une importance toute capitale.

Les yeux rivés au sol, ayant trouvé l’asphalte humide comme un châtiment, il écoutait le bruit des pas qui s’éloignaient. « Pars-tu parce que c’est ce dont tu as vraiment envie ? » Lançait-il d’une voix suffisamment forte pour être entendu par le jeune homme. Brandan relevait la tête. Esteban semblait hésiter un moment et c’était juste le temps qu’il lui fallait pour se laisser prendre par l’impulsion de le rejoindre. À sa hauteur, il plantait son regard dans le sien. Il n’était pas question de le laisser fuir, pas sans avoir poser la question. « Ou parce que tu as peur ? » De la douceur se traduisait dans ce regard ferme, Brandan avait le sentiment d’être étourdi tant son rythme cardiaque faisait des siennes. Il chuchotait la suite. « Tu n’as pas besoin d’avoir peur de moi. Je n’ai pas la moindre idée de ce que je ressens en ce moment, mais je sais que c’est fait de lumière. » La chaleur du contact précédant s’était propagée dans tout son corps. Il avait cet ultime besoin de garder Esteban à ses côtés. Tant pis s’il leur fallait se casser la tête. Il se tenait à côté de lui sans savoir ce qu’il venait chercher, mais une force invisible, un besoin immuable, le faisait se tenir près - pas assez près - car trop naïf et inexpérimenté face à ce genre de ressenti. Il luttait contre la fuite d'Esteban. Lutter ? Alors qu'il avait envie du confort de cette chaleur, avait envie qu'Esteban y cède aussi. Cela ne l’empêchait pas de s’accrocher à tout en un tas de promesses silencieuses que lui semblait contenir leur amitié… Amitié ? Ou affection ? Pour Brandan, ces distinctions n’avaient jamais fait de différence, il ne s’en était jamais encombré.
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Take a chance on me - Part II

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