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3eme saison : Take the power back 28/04/2017
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Intrigue VII : New Order Has Been Hacked
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Intrigue VII : Cordelia & Winston

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Lost In The Echo

Lost In The Echo
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MessageSujet: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeMer 18 Oct - 3:32

Intrigue VII : Cordelia & Winston Tumblr_static_3lqspmgj9dwk8k04og0oc88oo Intrigue VII : Cordelia & Winston Photo


cordelia & winston


Les habituels messages diffusés dans le métro ont été remplacés par de la musique... Si bien que les autorités exigent l'arrêt complet des trains du métro le temps de mettre un terme aux diffusions et les passagers sont refoulés à l'intérieur des stations, créant de bouchons monstres et des attroupements. Quelques minutes de musique... suffisants pour raviver la flamme résistante de plusieurs ! Dans ce climat de panique, Cordelia aperçoit son ami Winston Flanagan, lequel tout comme elle est coincé sous terre à quelques pas pourtant de son lieu de travail. Les réseaux sans fil étant surchargés, impossible pour le jeune homme de se sortir du guêpier par un coup de fil. La jeune femme le rejoint en prenant conscience des regards hostiles qui lui sont adressés, car il semblerait bien qu'une manifestation spontanée s'organise autour d'eux.

Contexte de l'intrigue VII : ICI
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Cordelia Vanhamme

Cordelia Vanhamme
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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeSam 21 Oct - 2:56

Intrigue VII : Cordelia & Winston Tumblr_inline_n3z7sbr0k91rzf41q Intrigue VII : Cordelia & Winston Gf295eBS

Intrigue VII : New Ordre has been hacked

Pour Cordelia, les voyages quotidiens dans le métro londonien faisaient partie de ces moments de solitude nécessaires dans une journée. Avant le boulot, c’était pour rassembler la force et la sérénité essentielles à l’exercice de ses fonctions. En fin de journée, c’était pour prendre le temps de tracer la ligne qui lui permettait de distinguer les problèmes des jeunes qu’on lui confiait et la charge émotive y étant associée, de sa propre vie. La jeune femme aimait bien se retrouver avec elle-même, pourtant entourée de tous les autres passagers, dans la quiétude de la bulle invisible que chacun accordait implicitement aux autres. Elle préférait cela de loin au trafic des automobilistes, même si l’heure de pointe apportait parfois son lot de désagréments lorsqu’il fallait jouer des coudes pour obtenir un peu d’espace dans le train et en laisser suffisamment aux autres.

Ce matin-là, Cordelia, comme la majorité des gens, n’aurait pu prévoir la tournure qu’allait prendre son trajet vers son lieu de travail.  Sans prévenir, à la suite de l’immobilisation du train à une station du centre de la ville, de la musique s’était fait entendre. Naturellement, la confusion s’emparait des passagers qui quittaient des yeux leurs écrans de téléphone pour s’interroger les uns et les autres du regard. De la musique…Depuis combien de temps la plupart d’entre eux n’en avaient pas entendue au grand jour ? L’habituel « mind the gap » et les messages sur l’état de la circulation faisaient place à un vieux titre de rock and roll.  Interloquée, Cordelia suivait la vague qui se hissait hors du train immobilisé depuis de longues minutes déjà. Ces quelques dernières stations de métro pouvaient se faire à pieds, bien qu’elle serait assurément en retard au travail pour ses premiers rendez-vous. Comme tant d’autres, la jeune femme avait du mal à se frayer un chemin. Après avoir jeté un coup d’œil à son téléphone portable, elle restait immobilisée derrière la foule, écoutant les murmures qui lui apprenaient que la sortie était bloquée par les autorités. Un léger vent de panique s’insufflait en elle et elle n’était pas la seule dans cette situation. La foule refoulée était grouillante et de plus en plus bruyante, entre les commentaires échangés entre voisins et les discussions animées avec les agents de l’ordre qui bloquaient le passage.

Le ton semblait même hausser aux premières lignes et Cordelia, balayant du regard les environs, remarquait un visage familier à quelques pas derrière. Winston Flanagan, qui en cet instant, était susceptible de lui en apprendre sur ce qui se tramait...Du moins, elle l'espérait. La jeune femme se frayait tout aussi péniblement un chemin jusqu’à lui. - Winston ! Elle attendait de capter son regard, avant de poursuivre. - Tu sais ce qui se passe ? Elle réalisait au même instant qu’elle était plus ou moins inquiète, alors que l’impatience des passagers coincés sous terre semblait se muer en une agitation plus rebelle et qu’il lui semblait bien percevoir quelques regards lancés dans la direction de son vis-à-vis, bien connu pour faire partie de l’élite.
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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeMer 25 Oct - 20:57

Underground
Cordelia Vanhamme & Winston Flanagan


« Il tombait. Tout à coup un roc heurta sa main ;
Il l'étreignit, ainsi qu'un mort étreint sa tombe
Et s'arrêta. Quelqu'un d'en haut lui cria : - Tombe !
Les soleils s'éteindront autour de toi, maudit !
Et la voix dans l'horreur immense se perdit.
Et pâle, il regarda vers l'éternelle aurore.
Les soleils étaient loin, mais ils brillaient encore.  »
Victor Hugo, extrait de « Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme »


Prendre le métro, c'était s'autoriser à dériver, tandis que la voiture forçait la concentration. Le grondement haché et cadencé du train berçait ses pensées. Parfois, le chuintement des portes ou la conversation de quelques passagers le tiraient de ses raisonnements. Il y retournait avec la même facilité. Bulle ; cocon ; chrysalide ; refuge. L'esprit savait s'entourer d'un rempart contre l'extérieur. Protégé, il préparait les sièges futurs dans l'intimité de sa forteresse. Puissant, il s'isolait du reste ; d'une réalité trop bruyante, trop captivante, trop excitante pour les sens. La réalité, le monde, la vie, l'univers, cherchaient les attentions, et il n'était pas une seconde où ils ne tentaient pas de les susciter. Être citadin, avoir toujours vécu en ville, c'était savoir en faire abstraction. Winston avait de surcroît cette étrange capacité à occulter le réel effectif dès lors qu'il songeait ; atout ou défaillance, difficile de le dire.
Pourtant, ce son, ce tintement, ce battement, lui fit définitivement relever la tête. C'était un rythme que la plupart des gens avait oublié. Ils l'avaient oublié parce que le Nouvel Ordre l'avait traqué avec une minutie meurtrière. De la musique. Néanmoins, c'était un air que chacun connaissait, que chaque personne qui avait vécu avant l'avènement de cette nouvelle idéologie dévoreuse d'art avait déjà entendu. C'était ce groupe anglais de la fin du XXème siècle, c'était Queen et son fameux The Show Must Go On. Son regard céruléen glissa sur les visages des passagers tandis qu'il plongeait la main dans la poche de son manteau, pour en sortir son téléphone. Sous une pression de doigt, l'écran s'alluma ; aucun service. Forcément, sous terre, le réseau ne passait pas. Une bouffée d'adrénaline gonfla sa poitrine - car il n'y avait aucun doute à avoir sur l'origine du problème.

La Résistance Pacifique. Par un subterfuge malicieux, le mouvement était parvenu à diffuser ce morceau, à remplacer la monotonie des annonces par des notes sauvages, qui frappaient les tympans et réchauffaient les sangs. Winston, aussitôt, sortit du wagon. Il était évident que le problème ne serait pas immédiatement réglé. Le gouvernement n'était pas préparé à ce type d'attaques. Pis encore, il avait cru avoir muselé les pacifistes. Il avait cru que c'en était fini ; qu'il n'y avait plus que des cendres, peut-être encore rougeoyantes, mais des cendres, un feu mort, le néant. Il s'était trompé, ils s'étaient tous trompés. Alors que tous les regards se tournaient vers la Résistance Armée et que tous les cerveaux contribuaient à l'orchestration de sa chute, dans l'ombre, son homologue, si tendre qu'on le croyait inoffensif, se défaisait lentement de ses liens, et préparait son entrée en scène.
C'était l'agacement qui rythmait les pas du ministre. Ils s'étaient laissé berner ! Bêtement, comme des enfants. Il lui fallait à tout prix rejoindre son lieu de travail, d'où il pourrait s'activer efficacement pour régler le souci, et préparer la contre-offensive. Parce qu'il en fallait une : il réalisait que la paix était encore moins gagnée que ce qu'il croyait. Cependant, sa course était freinée par un amas de personnes. Il tentait de se frayer un chemin, mais la foule restait opaque, dense, étouffante. Au loin, il aperçut des policiers, qui bouchaient les entrées et tentaient de contenir les travailleurs. Une vague de panique et d'énervement mêlés traversa l'assemblée, déjà survoltée depuis que la musique avait fait entendre ses premiers tintinnabulements - certains avaient pris peur, d'autres sentaient sûrement leur âme rebelle hurler dans leurs veines. Pourtant, il continua à jouer des coudes, jusqu'à ce qu'une voix - qu'il connaissait bien - ne l'interpelât. Il tourna la tête et vit, sur sa droite, Cordelia Vanhamme. « Cordelia ? » La surprise se peignait sur son visage. Il ne l'avait pas vue depuis bien longtemps - peut-être même que ce temps pouvait se compter en mois, en plus d'une année. « Les communications sont coupées. » lui répondit-il. « Mais il n'est pas bien difficile de deviner quelle est la source de cette agitation. » Il avait peut-être parlé un peu plus sèchement qu'il n'en avait l'habitude, même dans ce genre de situations. Comme il sentait se poser sur eux des regards vibrant d'une étrange flamme, il lui glissa, plus bas : « La résistance pacifique. » Winston n'en doutait pas une seule seconde - la résistance armée aurait préféré simplement faire exploser l'une des rames, et condamner les passagers. « Il faut absolument que j'arrive à sortir de là. Où te rends-tu ? » Tandis qu'il posait cette question, il reprit ses efforts pour essayer de se frayer un passage - indiquant d'un signe de tête à la brune de le suivre. Son interrogation se justifiait plus par la forme que par un réel intérêt quant à ses activités, et sans doute aussi parce qu'il était motivé par une certaine inquiétude, parce que la jeune femme, en dépit du temps et des possibles désaccords, lui était chère.

©️ Dezbaa
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Cordelia Vanhamme

Cordelia Vanhamme
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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeMar 31 Oct - 1:17

Bien des gens, en cette situation, décriraient le sentiment de claustrophobie. Le métro londonien était vaste, mais généralement étroit. Cette station n’échappait pas à la tendance et rendait le blocus instauré par les forces de l’ordre aussi étouffant que s’ils s’étaient soudainement retrouvés coincés au plus profond des entrailles de la terre. Il faisait chaud, c’était l’une des premières constatations à s’installer naturellement dans son esprit. Cela résultait assurément de l’énergie ambiante et de l’agitation palpable chez bon nombre de ces bonnes gens immobilisés avec eux. Les notes de musique grondaient furieusement, résonnaient dans une acoustique inhabituellement terrifiante, mais ce qu’il y avait de plus marquant… c’était le sentiment d’euphorie qui l’avait traversée pendant quelques secondes. Cela aurait été mentir de dire qu’elle n’avait plus entendue la moindre musique depuis l’avènement du nouvel ordre, mais dans cette ampleur ? Sous un tel phénomène de groupe ? Cela rappelait presque les concerts, bien qu’elle n’y avait jamais vraiment mis les pieds personnellement… Du moins, s’imaginait-elle les choses de la sorte. La peur avait pourtant repris sa juste place au sein des priorités. Winston Flanagan était un ami, un allié sur qui elle pouvait compter lui semblait-il, mais également un représentant du camp qui était responsable du bannissement de l’art sous toutes ses formes.

Elle l’avait écouté d’une oreille distraite, car il semblait bien que deux oreilles et deux yeux ne suffisaient pas à prendre la mesure de tout ce qui se tramait autour d’eux, puis à quelques mètres tout près du barrage policier. Cordelia n’avait plus dit un mot, à l’exception d’une réponse à sa question. - À quelques rues à peine, j’avais rendez-vous dans un café avec un de mes jeunes. Elle avait suivi Winston dans une avancée qui leur avait permis de gagner quelques mètres en direction de la sortie vers la rue. Ce rendez-vous était dores et déjà annulé. Cordelia se saisit bien soudainement du bras du jeune homme, alors que ce dernier manifestait d’autant plus d’impatience qu’il semblait impossible de s’approcher davantage. Cordelia, elle, observait les regards de ceux qui les entouraient. - Je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure chose à faire. Quitter cette station de métro était également son désir le plus cher en cet instant, mais son intuition - certains diraient féminine - lui dictait de rester sur ses gardes. C’était une seconde nature chez elle, Cordelia travaillait avec des jeunes qui avaient été blessés, trahis, abandonnés, abusés… et elle savait reconnaitre ceux qui avaient une mauvaise idée quand elle en voyait une. - Winston… Quelle drôle de façon de retrouver un ami perdu de vue depuis des mois. Plus ils jouaient du coude, plus la foule devant eux devenait compacte. Elle croyait percevoir de l’impatience chez le ministre et pour cause…! Mais il semblait que le jeune homme ne percevait pas le même danger qu’elle voyait suinter de toute part. - Winston !

Ce deuxième appel avait suffit à capter à nouveau son attention. Cordelia était au même moment bousculée par un autre homme et elle se rapprochait un brin du ministre, l’occasion souhaitée de lui confier son sentiment. - Tu n’arriveras pas à sortir de si tôt, comme personne d’ailleurs. C’était peut-être le genre de chose qu’il n’avait plus l’habitude de se voir dire, mais elle était persuadée d’avoir raison. Les policiers en charge consentiraient probablement à l’extirper des profondeurs s’il parvenait à prendre contact avec l’un d’eux, mais il y avait bien plus de chances d’être accosté par l’un ou l’autre de ces hommes et femmes autour d’eux, où la grogne se faisait sentir. Il n’y avait pas plus brillant pour enrager les gens que de les mettre en un lieu clos et sombre, entassés comme des bêtes. Et la musique… Cette musique, créait un remous particulièrement survolté. - Il vaut mieux rester discrets le temps que cela passe…Essayons de te garder en un morceau, tu veux ? Les gens s’étaient amoncelés près des escalators. Cordelia songeait qu’il valait mieux s’éloigner des possibles affrontements et retourner près du train, où presque tout le monde avait déserté le quai. Elle regarda Winston dans les yeux pour la première fois depuis le début de cette conversation, en attente d’une approbation de sa part. Ce n’était ni le temps ni la place pour les « comment vas-tu, quoi de neuf ? » et pourtant, il y avait tant de choses à se dire. Tant de choses qui, au fond, trouvaient un écho dans cette situation complètement inattendue et inquiétante. Elle voyait en Winston un homme bon, cet ami qu’elle connaissait depuis si longtemps. D’autres autour, voyaient en lui un ennemi à en croire l’hostilité qui lui était pour le moment adressée plus ou moins subtilement. Elle se demandait quel était, dans tout ça, le véritable Winston. Le pouvoir l’avait-il à ce point changé ?
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Winston Flanagan

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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeVen 17 Nov - 20:56

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« Il tombait. Tout à coup un roc heurta sa main ;
Il l'étreignit, ainsi qu'un mort étreint sa tombe
Et s'arrêta. Quelqu'un d'en haut lui cria : - Tombe !
Les soleils s'éteindront autour de toi, maudit !
Et la voix dans l'horreur immense se perdit.
Et pâle, il regarda vers l'éternelle aurore.
Les soleils étaient loin, mais ils brillaient encore.  »
Victor Hugo, extrait de « Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme »


Vingt mille lieues sous la terre, des centaines de cœurs qui pulsaient la même rengaine. Les rythmes se différenciaient, effrénés ou contrôlés, mais c'était le même air, la même ritournelle, celle dont il fallait se méfier, parce qu'elle chantait que les Hommes jamais n'étaient vaincus, et que la peur toujours les rendaient fous. Winston était insensible à la musique. L'art l'avait si peu souvent touché qu'il n'y avait jamais cru, n'y croyait pas. S'il avait su l'entendre, cette mélodie des palpitants, il l'aurait griffée d'un rationnel trait d'esprit. Il aurait ignoré les vérités qu'elle clamait, si doucereusement qu'elles semblaient être des mensonges. Néanmoins, il ne l'entendait pas, à la fois sourd à ses suppliques et focalisé sur son propre but : sortir d'ici, coûte que coûte. Gérer l'affaire. Régler le problème. Faire son travail, en somme.
Lorsque Cordelia saisit son bras, il s'immobilisa, et posa sur elle son regard déterminé. Son propos l'interloqua. Comptait-elle ne pas agir ? « La meilleure chose à faire, ce n'est sûrement pas de rester ici les bras croisés. » asséna-t-il. Et sans plus d'explications, il recommença à s'adonner à de périlleux chassés-croisés. Cependant, plus il forçait, plus la foule paraissait compacte et formait un mur solide, un rempart entre lui et l'extérieur. Plus la barrière résistait, plus il s'agaçait. Il avait chaud - trop chaud. Le frottement des corps et la surchauffe des esprits gonflaient l'atmosphère - il sentait la sueur humidifier sa nuque. Peut-être était-ce, aussi, cette adrénaline et cette appréhension qui l'étreignaient ?

L'appel de son amie l'arracha à sa quête. Il pivota vers elle - autant que le peu d'espace libre le lui permettait. Elle avait certainement raison, mais cette idée lui était insupportable. Il pinça les lèvres. S'il y avait une chose que le ministre exécrait, c'était de se sentir impuissant. Elles étaient loin, les vannes qui retenaient ses émotions ! Elles s'étaient levées et, peu à peu, la mer déferlait. A la lumière de la situation, ses traits se figeaient dans un énervement appuyé. La maîtrise des événements lui avait brusquement échappé, et quiconque le connaissait un tant soit peu savait comme il pouvait haïr cela. Il s'agissait certainement de l'un de ses plus grands points faibles, de cette faille qui, d'un craquement, pouvait embraser sa colère.
« On a besoin de moi là-haut. » se contenta-t-il de dire en levant les yeux pour désigner le plafond bétonné. C'était vrai. Il n'était probablement pas indispensable ou irremplaçable, mais utile et efficace, cela, oui. Tout son corps tendait vers l'extérieur - sa jambe avancée, son torse de biais -, il n'y avait que ses iris qui demeuraient rivés à ceux de la brune. Pourtant, elle insista, et il avait conscience - bon Dieu, il savait - qu'elle avait raison, et qu'il avait tort. Mais c'était cela, la rage ; se battre, combattre, se débattre, en dépit de tous les impossibles et de toutes les incohérences. Il détourna la tête et regarda la sortie, fermement gardée par des policiers, et entre elle et lui, la marée humaine. Un soupir lui échappa.

Et il y avait autre chose : les derniers mots de Cordelia. Il n'y avait pas songé, lui, le grand penseur, parce qu'il n'y avait eu que le feu de l'action, l'envie de partir, de bas instincts. Toutefois, un coup d'œil autour de lui suffit pour qu'il comprît. Là-haut, à l'abri de son bureau, il pouvait bien être tout puissant. En bas, dans les entrailles de la ville, il était véritablement plus mortel. Seul au milieu des brebis, le loup pouvait si vite être piétiné ! Des regards lui parlèrent, et il devina qu'ils n'attendaient qu'une provocation, une parole ou un geste, pour s'élancer. Tuer le ministre de l'Intérieur ne mènerait probablement à rien d'autre qu'à d'énièmes massacres au nom de l'ordre et de la paix, mais dans le ressentiment, nul n'est rationnel ; et un peu de son sang, ce serait une satisfaction, l'assurance d'avoir vengé les innocents.
Et il y avait Cordelia, qui le savait, mais qui restait. Il se demanda si elle ne constituait pas la dernière défense qui les retenait, et frissonna, soudainement renvoyé à son statut d'être humain - et peut-être que finalement, malgré ses convictions, il avait bien perdu cette sensation. Cordelia, bouclier de la dernière chance ; s'il avait pu être assez fou pour ne pas l'écouter, il n'aurait probablement jamais risqué son échappée au prix de son sacrifice. Il concéda : « Tu as certainement raison. Mais je ne peux pas rester ici à me tourner les pouces. » Oh, si, il pouvait ; simplement, il ne le voulait pas. Pourtant, docilement, il suivit son amie, qui l'entraînait vers les wagons désertés. Ils y seraient plus à l'abri, sans doute. Peut-être. Une voix s'éleva : « Comme nous sommes tous coincés ici, que diriez-vous de répondre à quelques questions, Monsieur le Ministre ? » Il tourna la tête. Une femme s'approchait, étincelante d'audace.

©️ Dezbaa
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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeMar 28 Nov - 14:22


  • Du sang froid, voilà ce qu’il fallait à tout prix pour ne pas perdre l’esprit dans cet espace restreint sous terre où des hommes et femmes par dizaine relâchait la bride à une fougue qui était habituellement contenue. Le monde en était devenu un de privation. L’art en tant que tel ne manquait pas à tous de la même façon, mais nul ne pouvait ignorer les effets pervers de toutes ces lois votées et appliquées par la force. La résistance…résistait, bien entendu, c’était son objectif ultime. C’était dans les actes de tous les jours, en percevant la gronde sur le visage de citoyens qui tout comme elle, ne se considéraient pas parties intégrantes d’un clan ou de l’autre, que Cordelia comprenait le plus la volonté rebelle qui en animait plus d’un. La liberté était l’affaire de tous, pas seulement des artistes. Refoulés comme ils l’étaient dans la station du métro, il était bien difficile de croire que le monde n’était pas en guerre. Jamais avant aujourd’hui elle n’avait eu à la fois aussi peur - la chaleur habituelle de l’espace sous-terrain semblait bien avoir gagné un ou deux degrés avec la vibration de tous ces êtres inquiets en attente de réponses. Cela laissait présager un incident imminent. Le ton semblait avoir monté entre les agents de l’ordre et les usagers des transports en commun ayant réussi à se rendre en premières lignes.

    Ce qui frappait le plus la jeune femme était la façon dont s’était transformée si rapidement le soulagement qu’elle avait éprouvé en apercevant Winston, seul visage connu dans cet environnement hostile. Elle ressentait à présent un inconfort qu’accentuait à chacune de ses paroles son ami. Winston… Avait été un ami pour elle. Quelqu’un qu’elle avait toujours estimé. À une certaine époque, sa famille avait grandement insisté pour qu’elle fréquente le jeune homme et bien que leurs relations n’avaient jamais été au-delà de l’amitié, elle avait éprouvé beaucoup d’affection pour lui. En quelque sorte, Winston avait représenté à ses yeux un modèle de réussite et de droiture. De quelques années son ainé, il l’avait longtemps impressionnée par ses idées et son éloquence. Elle n’avait pas été surprise de le savoir au sein de l’élite. Sans doute d’ailleurs que cette admiration passée pour le jeune homme lui avait voilé les yeux sur ce qu’il était véritablement devenu au sein de ce gouvernement haï par tant de gens. Cordelia…préférait ne pas trop y penser. En témoin privilégié de dizaine de vies brisées qu’elle côtoyait pour son travail, elle aimait de moins en moins ce que devenait le monde. Une part d’elle le comprenait si bien, mais aurait espéré trouver chez Winston la bienveillance qu’elle lui avait toujours prêté. Ce n’était pas exactement ce qu’elle ressentait en se frayant un chemin à ses côtés dans les entrailles de la terre. Cordelia avait peur et une petite voix dans sa tête, qu’elle faisait tout pour faire taire, se demandait si ce n’était pas de Winston dont elle avait le plus peur. Elle voulait toujours voir le bon chez les gens, mais la vie lui avait bien appris qu’il valait mieux se protéger et accepter de les voir tels qu’ils étaient vraiment. L’illusion ne faisait que rendre la chute plus douloureuse.

    Pour l’heure, ce qui importait était d’éviter la confrontation. À tout le moins, c’était ce qu’avait cherché à faire Cordelia en incitant Winston à la suivre en chemin inverse. La jeune femme ne voulait pas s’arrêter, elle évitait d’ailleurs instinctivement de croiser le regard des personnes qu’ils dépassaient…Jusqu’à ce qu’une voix féminine ne les retienne. Elle avait senti le corps de son ami s’immobiliser pour y faire face. Quelle idiote, cette fierté qu’avaient les hommes. Cordelia n’avait plus le choix et se retournait à son tour, incapable de cacher cet air soucieux qui assombrissait ses traits. Cette femme qui avait interpelé Winston n’attendait pas d’autorisation pour questionner le ministre.

    « La rumeur veut que le gouvernement ait commandité des attaques pour faire porter le chapeau aux groupes armés et justifier les massacres perpétrés. Votre opinion sur ces vies perdues ? »

    Un murmure d’appréciation se faisait entendre autour d’eux. Le regard de Cordelia passait de cette femme jusqu’à Winston. Elle songeait qu’il ne devait pas avoir l’habitude d’être ainsi attaqué. Plus que jamais, la moindre de ses réponses risquait de déclencher un cataclysme qui aurait de lourdes conséquences dans les circonstances. - Winston… Elle appuyait un peu davantage sur le bras du jeune homme. Quel poids pouvait-elle avoir dans tout cela ? - Tu n’es pas obligé de répondre. Partons. Pour tout dire, elle avait surtout peur qu’il le fasse et que non seulement il attise une colère qui ne demandait qu’à retentir. Mais qu’il les mette tous les deux en danger ce faisant. Quelque chose lui disait qu’elle ne partagerait probablement pas, non plus, les convictions qu’il tenterait de défendre s’il se bornait à répondre à la provocation.
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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeMer 13 Déc - 17:44

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« Il tombait. Tout à coup un roc heurta sa main ;
Il l'étreignit, ainsi qu'un mort étreint sa tombe
Et s'arrêta. Quelqu'un d'en haut lui cria : - Tombe !
Les soleils s'éteindront autour de toi, maudit !
Et la voix dans l'horreur immense se perdit.
Et pâle, il regarda vers l'éternelle aurore.
Les soleils étaient loin, mais ils brillaient encore.  »
Victor Hugo, extrait de « Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme »


De nombreux paramètres, petits fragments de destin, peuvent changer les Hommes. Néanmoins, s'il est une entité capable de métamorphoser, c'est le pouvoir. Il est charmeur, aguicheur, papillonne autour des humains, comme un vautour en attente de la chute de sa proie. Il glisse agréablement contre les âmes et sussure aux ambitions l'éclat de leur réussite future. Enrubanné de panache, son aspect brillant attire toutes les convoitises, et seuls les plus avisés savent s'en méfier - pour un temps, leur tour viendra. Winston, à une époque, s'affichait dans ce petit groupe restreint. Il avait toujours côtoyé le pouvoir, c'était évident, mais il n'avait été qu'un objet de décor. Un arrière plan que tous ignoraient. L'éclairagiste qui manipule le projecteur, et que la lumière, par jeu d'opposition, noie dans la pénombre. Les choses avaient changé : il était sous les feux de la rampe, désormais. Le petit marionnettiste de quartier s'était transformé en comédien. Il baignait dans le faste de la reconnaissance. Il s'était promis de ne pas oublier, de ne pas s'oublier. Pourtant, indubitablement, avec le pouvoir vient l'oubli. Des autres, du monde, de soi. Le ministre avait toujours fait preuve d'une dévotion sans limite lorsqu'il s'agissait de son travail, et son rôle au sein du gouvernement ne faisait pas exception. Il s'était oublié dans un personnage qui lui collait à la peau. Lui, le vrai lui, ne revenait qu'à de rares occasions, et c'était toujours pour semer un doute implacable ; finalement, il ne voulait plus de cette petite conscience qui lui criait ses torts. Il préférait faire la sourde oreille aux sentiments pour n'écouter que la mécanique rationnelle des neurones. C'était difficile. (Ashley. Son père. Des répressions.) Peut-être même impossible - il aurait toujours ses préoccupations, ses craintes, ses regrets et les cauchemars qui les accompagnaient.
Quant au pouvoir, loin de s'éterniser dans sa bonté, il reprenait toujours son dû. Il avait bâti les empires, puis il les avait entraînés vers le fond, pillés, massacrés. Un jour, le Nouvel Ordre franchirait un pallier, le dernier pallier. Comme Néron avait ri devant Rome en feu, ils riraient devant Londres en sang, sans même savoir qu'ils venaient de causer leur perte. Et puis, ils chuteraient. Et la chute serait longue, et douloureuse, et lente, et pénible. Ils seraient traînés dans la boue des siècles durant. L'Histoire qu'ils laisseraient serait celle d'une oppression intolérable, dont la fin devait se clore dans le sang et les jugements ; leurs têtes désirées sur des pics, simplement envoyées au fond du trou, pour prouver que justice et liberté ouvraient une nouvelle ère. L'Histoire leur ferait un procès éternel. La mémoire collective les souillerait à jamais.
Sauf s'ils gagnaient. C'était une guerre, oui, celle de la raison contre la folie ; de l'ordre contre l'art. Ces dernières années n'étaient que de minces batailles ; le feu, le sang, les décombres, des conséquences malheureuses. La vraie guerre, elle se menait ailleurs, loin du terrain, au creux des âmes : c'était un conflit idéologique, dont la victoire ne pouvait résulter que d'un processus lent et continu. Ils pouvaient gagner : ils en avaient les moyens et l'intelligence. Ce qui ferait la différence, c'était la manière d'agir. Il ne fallait pas sous-estimer l'ennemi, jamais, et Winston le comprenait maintenant encore mieux qu'avant. Il le comprenait maintenant qu'il était coincé dans ce métro, la musique déraillant dans les hauts-parleurs, le gouvernement pris à son propre jeu. Il le comprenait, parce que malgré tous les risques, la journaliste - du moins, il pensait que c'en était une - avait le courage de braver le silence et les interdits.

La bravoure, c'était une valeur qu'il admirait et respectait. Une valeur que tous les résistants semblaient partager - et souvent, il songeait que dans d'autres circonstances, épargnées des clivages actuels, il aurait pu nouer des liens d'amitié avec certains. C'était une drôle de conception des choses, une drôle de pensée de sa part, étant donné son rôle dans l'asphyxie de tous les types de résistants, étant donné qu'il était l'instigateur, l'élément déclencheur, des attentats provoqués par les Honor & Bones en 2017 - il ne se détacherait jamais de son statut d'homme de l'ombre. Mais c'était ainsi ; Winston s'était toujours projeté sans crainte dans l'univers des suppositions - refaire le monde, c'était presque une habitude, une façon de vivre, de réfléchir -, et avait esquissé des dizaines de scénarios différents pour chaque situation. Peut-être était-ce même ce qui faisait qu'il était doué dans son domaine. L'homme de la pensée, l'homme de l'ombre, celui qui tire les ficelles sous le silence des bombes. Pourtant, il ne prenait aucun plaisir à voir des gens mourir, à savoir que des gens allaient mourir, parce qu'ils l'avaient décidé. Bien sûr, c'était la guerre. Mais cela suffisait-il à justifier que les gens mourussent ? Non, les Britanniques mouraient parce qu'ils le voulaient, et parce qu'ils faisaient en sorte que cela arrivât. Si c'était rationnel, c'était avant tout cruel ; était-ce la guerre qui rendait les Hommes cruels ? Non, plutôt le pouvoir, cette volonté de contrôle absolu, de faire régner l'ordre, cette colère face aux insolentes protestations, et la jouissance d'avoir l'ascendant sur quelqu'un, de tenir sa vie au creux de sa main, de savoir que d'un ordre, d'une pulsion, elle pouvait être pulvérisée - à la vérité, ils auraient pu raser le pays entier. Il en portait le poids chaque jour. S'agissait-il d'un sacrifice auquel il était prêt à consentir ? Il n'osait pas y penser, sans doute par peur de devoir se répondre par l'affirmative. Alors, son opinion sur les vies perdues ?
C'était une question piège. Il ne pouvait pas répondre qu'il songeait à cela comme à un désastre, parce qu'il aurait discrédité le gouvernement tout entier. Il ne pouvait pas non plus dire qu'il trouvait cela naturel, parce que c'était ainsi que les conflits fonctionnaient - d'abord parce qu'il ne le croyait pas (on peut souvent trouver des consensus ou exercer un jeu de pression suffisamment fort pour que l'autre cède sans que le combat ne soit engagé), ensuite parce qu'il aurait attisé la colère des résistants. Mais tout cela n'avait rien d'étonnant, car la politique n'avait jamais vraiment été affaire d'honnêteté.
En fait, la question n'en était pas une. La femme se fichait probablement de l'avis de Flanagan sur les dégâts meurtriers qui avaient marqué la capitale. Son interrogation pouvait même probablement être reformulée en ces termes : le gouvernement est-il le premier responsable des attentats ? C'était la rumeur qui l'intéressait, pas les sentiments. Elle voulait la vérité, pas les opinions. Mais dans leur grande opération pour annihiler les flous et les indécis, pour ériger la vérité et la transparence en ayatollahs de la société, n'avaient-ils pas tué l'un et l'autre ? N'étaient-ils pas devenus une gigantesque mafia, aux agissements plus troubles de jour en jour, à mesure que la situation empirait ?
Il était amusant de constater comme, en quelques secondes, en quelques mots, la résistante avait chassé l'agacement empressé de Winston - enfoui, en tout cas. La bête politique avait retrouvé sa capacité de réflexion en une fraction de temps ; l'adrénaline avait du bon, les heures d'entraînement à répondre aux questions des journalistes, et les erreurs commises ce faisant, aussi.

Il sentit Cordelia presser sa main contre son bras. Ne pas répondre, c'était une idée. C'eût même été une bonne idée s'ils avaient pu partir facilement. S'ils n'avaient pas été cloîtrés sous terre avec des centaines d'esprits énervés. La fuite était trop souvent interprétée comme un aveu de faiblesse, un oui muet. Et alors quelles réactions ? Un lynchage immédiat ? Un couteau discrètement inséré entre les côtes ? Les forces de l'ordre, postées de l'autre côté du tunnel, n'auraient jamais le temps de réagir. En un claquement de doigt, ils pourraient mourir tous les deux, et cette pensée le rendait fébrile.
Et qu'aurait-on dit de son silence ? Fuite ; pleutrerie, faille. Si lui flanche, les autres suivront. S'il ne dit rien, alors c'est qu'ils sont dans leur tort. S'il n'a aucun commentaire à faire, c'est qu'il cautionne absolument ce calvaire. Répondre, assurément, était un risque, mais certainement moindre. Il glissa un regard à son amie. « Nous n'avons nulle part où aller, et j'imagine que garder le silence n'aidera pas plus à calmer le jeu. » Ses iris clairs se figèrent sur la journaliste. « Ce n'est pas très conventionnel, comme interview, mais soit. » Il haussa les épaules, pourtant toujours crispé ; et conventionnel, était-ce seulement un mot qu'on pouvait appliquer au ministre ? « La rumeur veut aussi que les groupes armés soient à la solde du gouvernement. Elle veut qu'ils agissent pour des intérêts finalement assez obscurs, et que les vies qu'ils sacrifient pour parvenir à leur but leur importent peu. Elle veut qu'ils soient des monstres sanguinaires, des terroristes, tout autant que des anges vengeurs, des justiciers. La rumeur veut beaucoup de choses, qui parfois sont mêmes contradictoires... Vous croyez toujours les rumeurs ? Je pensais que c'était le lot des journalistes people. » Un mince rictus couvrit ses lèvres. Winston était réputé pour son sarcasme. Oh, bien évidemment, il ne l'avait pas toujours servi. Mais c'était un trait d'âme si bien ancré qu'il ne parvenait que rarement à s'en défaire. « Je ne crois pas que quiconque regarde le journal télévisé avec la satisfaction de voir que des gens sont morts. En tout cas, personnellement, ça ne me réjouit en rien, qui que soient les auteurs des "massacres", comme vous dites. » Finalement, c'était la franchise. Tandis qu'il parlait, la jeune femme tenait un dictaphone, et griffonnait sur un carnet. « Et c'est en grande partie la raison pour laquelle nous avons mis en place le système des checkpoints. De nombreux attentats ont pu être évités et des vies sauvées, grâce à cette mesure. Les attaques n'ont pas totalement cessé, et j'en conviens parfaitement, mais c'est précisément pour cette raison que nos services de police font leur possible pour arrêter les derniers résistants armés. » La franchise, et cette sobriété dans le propos ; ne pas attiser les ires et ne pas susciter les délires. Il se préparait à sa question suivante, mais, étonnamment, la journaliste se tourna vers Cordelia. « Et vous, mademoiselle ? Qui êtes-vous, et quelle est votre opinion ? » Winston s'avança d'un pas, comme dans une tentative de protéger son amie. « Elle n'a rien à voir avec tout ça, vous n'avez pas besoin de l'importuner. » - « Chaque citoyen est concerné par ces questions. » Winston grinça des dents. Évidemment. Elle n'avait pas tort, mais c'était trop facile. « Vous lui interdisez de prendre la parole ? » enchaîna-t-elle aussitôt, sans lui laisser le temps de lui répondre. « Non, bien sûr que non. » Il se tourna vers la brune, un pli soucieux sur le front. « Mais si tu ne veux pas être mêlée à ça, tu as le droit de ne pas répondre. » Elle devait le savoir, forcément. Cordelia était intelligente, assez perspicace pour ne pas s'engager sur une voie qu'elle jugerait dangereuse, aussi. Cependant, le ministre de l'Intérieur ressentait le besoin de le lui dire, de le lui affirmer, parce qu'il s'en serait voulu si, à cause de cela, son amie se trouvait dans une mauvaise posture. Elle n'était qu'une citoyenne parmi d'autres, finalement ; et Flanagan avait toujours eu du mal avec le fait qu'on pût s'en prendre à son cercle de proches, à ceux qu'il estimait autant qu'il les aimait.

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Cordelia Vanhamme

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MessageSujet: Re: Intrigue VII : Cordelia & Winston Intrigue VII : Cordelia & Winston Icon_minitimeLun 1 Jan - 19:37


  • Faire un choix, ce n'était pas seulement prendre une décision difficile. Ni poser une action concrète. L'absence de choix, c'était déjà prendre position. Cordelia n'avait pas été la seule. Beaucoup n'y avaient d'abord pas totalement cru. Quand le nouvel ordre s'était révélé au monde, bien peu de gens auraient miser sur sa longévité. L'Histoire avait déjà connu des régimes de terreur et de privation. Tous, avaient été anéantis. D'ailleurs, celui-ci le serait sans doute à son tour un jour par de nouvelles forces en puissance. L'état du monde commençait à avoir plus de poids dans l'habitude, alors qu'il était devenu incontournable de réaliser que la fin de cette ère ne s'annonçait pas être pour bientôt. Des années passées vous ancraient dans le gout du permanent, car la vie humaine avait une fin. Et si..? Le monde n'épouserait désormais plus que cette forme, jusqu'à la mort. Même s'il pouvait se montrer conscient du poids des choses sur l'avenir des générations futures, l'être humain s'émouvait davantage de ce qui le touchait aujourd'hui, de ce qui avait lieu près de lui. Cordelia faisait partie de ces gens à avoir observer l'évolution des choses de loin, avec intérêt et inquiétude, mais de loin. Tant de choses relatées aux infos n'avaient pas eu le poids de la réalité sur elle. Elle n'avait pas perdu son travail, même si elle avait bien vu les conséquences du nouvel ordre et des changements politiques sur les jeunes dont elle s'occupait. Elle avait d'ailleurs eu dans sa vie des évènements qui l'avaient préoccupée bien plus intimement. Était-ce égoïste ? Un peu, sans doute. Mais c'était aussi simplement humain, il était tellement plus aisé de ressentir les choses dans sa chaire que de faire preuve d'une empathie ouverte sur tout le monde.

    Se retrouver ainsi coincée sous terre, en la compagnie d'un homme qui avait eu de l'importance pour elle dans le passé et qui en avait aujourd'hui pour toutes les décisions qui affligeaient leur société... Cela avait quelque chose de surréel. Elle n'était désormais plus uniquement spectatrice, mais elle se trouvait sur l’échiquier même. Cela se sentait et se passait d'explications logiques, ce qui se tramait dans cette station de métro bloquée par les forces de l'ordre à plusieurs mètres d'eux, derrière cette foule devenue compacte et enragée, avait de l'importance. Cordelia n'avait jamais participé aux manifestations ni assister aux concerts guérillas dont elle avait entendu parlé. Elle ne s'était jamais trouvé près des endroits où des attentats et attaques avaient eu lieu. Elle n'avait jamais vu quiconque mourir... Et bien que cela n'arriverait peut-être pas, qu'elle s'accrochait encore à l'espoir de voir cette situation se résoudre pacifiquement pour leur permettre à chacun de retourner à leurs occupations du jour... Elle sentait qu'elle était au coeur de quelque chose. Certes, elle entendait les mots que prononçaient Winston avec l'aplomb de sa position. Le ministre se débrouillait bien. Il ne disait probablement pas ce qu'auraient voulu entendre ces regards furieux dirigés vers lui - eux, par extension parce qu'elle se tenait toujours tout près -, mais il ne disait pas non plus ce qui auraient pu les enflammer en une fraction de seconde s'il n'avait pas fait attention. Elle ignorait d'ailleurs quelle part prenait la sincérité dans tout cela. Winston était-il véritablement touché par les morts dont on parlait aux actualités, quotidiennement désormais ? Cordelia n'aurait probablement pas eu le courage de lui poser cette question. Elle se la posait pourtant à présent, au même titre que les autres probablement.

    La jeune femme était ainsi partagée entre son écoute active des paroles de son ami, et ses propres réflexions. Elle fut donc surprise qu'on l'interpelle directement. Elle tournait la tête vers Winston, pour se rendre compte que c'était elle qu'il regardait et d'elle qu'il parlait, tout en lui adressant les mêmes paroles qu'elle lui avait dites quelques minutes plus tôt. Non, bien entendu, elle n'était pas obligée de répondre. Seulement, elle ressentait ce qu'il avait peut-être lui-même ressenti un peu plus tôt. Les regards étaient posés sur elle et ne pas répondre lui semblait être pire que se jeter tête première dans les flammes de l'enfer. Elle ne réfléchissait donc pas plus longtemps, avant de répondre doucement : - Je suis une vieille amie de la famille Flanagan... Par réflexe, sans doute, ou par prudence instinctive. Cordelia ne se définissait pas davantage, elle se justifiait en fonction des autres. Elle doutait de toute façon que ces gens avides de réponses ne s'intéressent vraiment à qui elle était. Ce qui importait, c'était cette occasion en or qu'ils avaient tous d'encercler ainsi un ministre aussi important que Winston. Elle posait les yeux sur ce dernier, alors qu'elle entendait la même voix insister. « Que pensez-vous de ce que vient de soutenir M. le Ministre ? » - J'ose croire qu'il est sincère. Cordelia prenait conscience de l'ampleur du doute qui la tenaillait. En un instant, alors que son regard croisait enfin directement celui de Winston, elle se demandait. Ce qui avait bien pu le conduire à défendre ce qui était tout simplement insensé. C'était le nouvel ordre qui avait provoqué tout cela, les révoltes, ceux qui s'étaient résignés à user des armes. - Personne ne veut voir le sang être versé, encore moins en être responsable... Il y avait dans le ton de Cordelia de la tristesse, une incompréhension profonde. Winston était trop intelligent pour ne pas voir le mal béant qu'avait ouvert son gouvernement, à tout le moins les politiques et lois de celui-ci. Et sans doute était-ce cela, l'impuissance et la fragilité qui émanaient soudainement d'elle, en même temps que des cris provenant des premières lignes où des usagers du métros cherchaient la confrontation avec les policiers - ou bien, était-ce l'inverse ? - qui attirait l'attention.

    Plusieurs de ceux qui entouraient la journaliste s'étaient désintéressés pour prendre part à la crise grandissante tout près de la sortie. Cette dernière, bouclait quelques notes sur son carnet et les observait quelques secondes de plus, suspicieuse, avant de se détourner à son tour. Cordelia quant à elle, restait le regard dans le vide. Lorsqu'elle fut certaine qu'il n'y avait plus personne pour enregistrer leurs réponses, elle demandait à voix basse pour que seul Winston puisse entendre : - Ne crois-tu pas qu'ils ont raison d'être en colère... Cette journaliste, ces hommes et femmes qui les entouraient alors que de la musique brisait le silence d'un tel espace public pour la première fois depuis des lustres, ces gens qui initiaient une lutte avec la police, comme toujours bornée à des ordres qu'elle avait sans doute reçue. Même si l'un de ses ministres étaient coincés derrière avec tous les autres, même s'il risquait peut-être d'en écoper à son tour si la situation dégénérait !
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Intrigue VII : Cordelia & Winston

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